Titre
Retour au menu
  • Les facéties

Un jeune gardien de la paix de Boulogne, brave garçon originaire de je ne sais plus quelle province, était un jour à répondre au téléphone. il semblait avoir quelques difficultés à prendre note de la communication qui s’éternisait anormalement. A sa sortie de la cabine, s’épongeant le front en sueur, il en annonce la raison : « Ça par exemple, chef, qu’est-ce qu’il a comme prénoms celui-là. » il avait consciencieusement tout calligraphié. e. comme emile, M. comme Michel, i. comme isidore, etc.

Que dire de ce farceur, issu de Castelnaudary, arrivé à Paris avec son accent rocailleux, admirablement coloré, qui lui valait d’être l’amicale tête de Turc de ses collègues, et amateur de canulars téléphoniques. en décrochant le téléphone intérieur, il ordonne à son interlocuteur : « ici, le commandant, apporrrtez-moi le rrregistre des objets en consigne… (le “ad hoc” !!) à mon bureau – Arrête tes conneries, Marcel – Ça, parrr exemple, comment tu as fait pour me rrreconnaîtrrre ! »

En cas de réquisition d’un gardien de la paix par un administré au sujet d’un différend entre particuliers ou d’une affaire quelconque susceptible de suites judiciaires, il était recommandé aux jeunes recrues de terminer leurs rapports par la formule : « J’ai avisé le plaignant de la rédaction du présent rapport et lui ai donné mon numéro de collet. » Ceci afin de faciliter d’éventuelles recherches ultérieures. Il s’agissait du numéro matricule du rédacteur figurant sur le col de sa vareuse, plus tard remplacé par un écusson métallique aux armes de la ville.

J’ai vu cette expression figurant en fin d’un rapport relatant la conduite au poste d’un vagabond – (le samu social ne sera créé que vingt-cinq ou trente ans après cette période) – qui avait déclaré au gardien : « Je n’ai rien mangé depuis trois jours – suivait l’énoncé réglementaire – je lui ai donné… etc., etc. »
« Montez dans la V.L., le bier. vous conduira au P.1, vous reviendrez au ciat. avec la P.s., pour voir le patron. »

Le quidam regarde, ahuri, le fonctionnaire, et reste sans réaction. Pour un peu, il se ferait engueuler. Le brave homme était venu demander au gardien de la paix en planton devant un bâtiment public s’il pouvait voir le commissaire de police compétent pour une affaire qui le concernait personnellement.

Ces informations, fournies aimablement et dans l’intention évidente de rendre service puisque l’agent invite son interlocuteur à profiter du passage d’une voiture
administrative pour se rendre au bureau de son chef, mais il aurait fallu les traduire… en français courant : « Montez dans la voiture légère, le brigadier vous conduira à la place sembat. Vous reviendrez au commissariat avec le car police-secours qui vous conduira au bureau du commissaire de police. »

Mon exemple est certes exagéré, mais pas pour autant très éloigné de la réalité.Les jargons professionnels existent dans toutes les professions, mais intelligibles que pour les initiés et ne devraient pas être utilisés lorsque l’on s’adresse à un profane. Ce n’est toutefois pas l’apanage de la police. Les personnes qui ont affaire à la justice ont intérêt à consulter le CPP… oh, pardon ! le code de Procédure Pénale, avant de répondre à la convocation d’un juge. Allez donc chez votre médecin sans votre dictionnaire médical et vous verrez si vous comprendrez quelque chose !

Et je ne vous parlerai pas de bien d’autres professionnels du privé parce que mon sujet se borne aux “Gaietés de l’Administration”.

Retour au menu
Logo APP